Shopping, et Jus d'Orange [ Libre ]

Droite, Gauche, Droite, Gauche. Droiiiiiiiiiite... Et on continue tout droit, Pose, pour se retourner et droite, Gauche, Droite Gauche. Nana s'entraînait dans les couloirs du centre commercial où elle aimait se balader. Que signifie ceci, vous demandez ? Il s'agit de ce que lui disait son photographe lors des séances photos. Elle devait marcher comme une mannequin, ce qu'elle était. Elle avait un défilé le samedi qui suivait, alors, pour lui faire de la pub, son Manager ( l'insupportable ) allait envoyer des photos d'elle à l'organisateur du défilé. Autant dire que la séance avait été loooongue. Et ce n'était pas finit. Là, Nana prenait sa pause, avant de repartir sur une séance photos d'une heure, pour enfin rentrer chez elle. C'était un métier plutôt épuisant, surtout pour une petite fille de son âge, mais elle le supportait. Eh oui ! Il y avait de l’argent au bout du fil !
Nana avait prit l'habitude de marcher avec grâce et élégance. D'ailleurs, les gens se retournaient sur son passage. La petite fille entra dans une boutique en soupirant. C'était vraiment laid comme vêtements... Elle se retourna comme dans un défilé de mode et s'en alla. Son petit balancement des épaules lui allait à merveille. Bon, l'enfant avait des paquets pleins les bras, il fallait qu'elle se pose une minute. Alors, elle choisit un endroit où les gens étaient agréables : son Café préféré. Elle pénétra dans la vaste salle et s'assit à une table et posant ses sacs à terre. Un jeune homme se dirigea vers elle, en la saluant. Nana commanda son jus d'orange pressé à la main ( oui, un caprice inutile ) et reboutonna sa chemise blanche aux boutons noirs. La petite avait une jupe qui allait avec le haut, et de grandes bottes qui lui montaient jusqu'aux cuisses. De multiples bracelets décoraient ses poignets fins, et un diadème trônait sur sa tête à cheveux roses ternes.

"Ooooh... Merci, William. Dis, comment trouves-tu mon ensemble ? C'est que je vais le mettre pour mon défilé de.... Quoi ?! Tu savais pas que je défilais Samedi ? Il FAUT absolument que tu viennes me voir, sinon ça va me faire beaucoup de peine, tu ne peux paaaaas savoir comment. Et je... Madame, attendez avant de faire votre commande, vous voyez bien que je parle au serveur, là ! C'est pas croyable, ces vieilles ! Oooh, tu devineras jamais ce qu'il m'est arrivé l'autre jour. Je marchais dans la rue et je... Quoi ? Tu dois servir les autres ? Mais attends que j'ai finit au moins. Merci ! Donc, je disais que... Attends, mon portable. Allôooo ? Mmh... Okay, salut. Pardon, c'est bon, va faire ton boulot. Quoi, quelle histoire ? Pauvre William, tu perds la boule, pourtant t'es jeune, hein. Allez, merci et saluuuut !"

Nana regarda le serveur s'éloigner, elle lui offrit un beau sourire et un signe de la main. La dame que la jeune fée avait coupé bougonnait encore en lançant de mauvais regards dans sa direction. La fille lui tira la langue et tourna la tête. Elle sortit de son sac une petite boule de poils blanche, animée, et qui bougeait la tête. Il s"agissait de Bingo, le tout petit lapin de Nana. Non, il ne risquait pas de grandit, car à la base, c'était une peluche qu'elle avait animée grâce à se baguette de fée. Soudain, Nana tourna la tête vers la personne qui venait de s'asseoir à côté d'elle.

La Bête avait l'habitude de traîner dans ce café. Il y avait plusieurs belles jeunes femmes qui y passaient leur temps, c'était donc le paradis pour le séducteur qu'il était. Comme d'habitude, sa bande d'admiratrices était sur ses talons, et quand il s'assit à une table, chacune prit un siège à proximité. Toutefois, aucune ne se risqua à s'asseoir en face de lui.

A la table voisine, une jeune fille parlait à un serveur, puis au téléphone, puis de nouveau au serveur. La Bête l'examina un instant. Elle avait une tenue sophistiquée, aiguicheuse à la limite, mais de bon goût. Cependant, la discrétion de ses courbes témoignait du fait que ce n'était pas encore une femme et la Bête se prit à être déçu.

Soudain, la fille sortit de son sac une petite boule de poils blanche. La Bête écarquilla les yeux. Qu'est-ce que c'était que cette CHOSE ? Et ça bougeait, en plus ! La Bête avait appris grâce à ses expériences de contes de fées que les petites boules mignonnes et pelucheuses se révélaient souvent être des créatures ignobles et assoiffées de sang. C'est pourquoi elle recula sa chaise le plus loin qu'elle put, les pattes du meubre crissant sur le marbre grivelé du sol, un air de profonde terreur peint sur le visage.

Nana était toujours assise sur sa chaise, soulevant son petit lapin par ses longues oreilles blanches, possédant un poil très doux, comme une petit duvet. L’animal ne bronchait même pas, ses yeux rouges se plissaient légèrement quand l’enfant le faisait balancer à droite et à gauche. Pour elle, il s’agissait vraiment d’une peluche. Les seules raisons de pourquoi elle le trimballait toujours avec elle sous sa forme vivante : Bingo était trop mignon, adorable et Nana ne savait plus comment le retransformer en une peluche inanimée. De toute façon, il était très bien comme ça.
L’enfant ne prêta guère attention au nouvel arrivé. Elle saisit entre ses mains le verre ( elles étaient trop petites ) et le porta à ses lèvres. Nana laissa couler le liquide légèrement acide et sucré couler dans sa gorge serrée. C’était délicieux… La petite adorait avoir des moments comme cela, où elle oubliait tout. Dire que dans pas longtemps, elle allait devoir rejoindre son manager très « chiant », monter sur une piste et défiler comme une fille qui a la vingtaine… Mais pourquoi se plaindre ? C’est elle qui avait voulut devenir mannequin après tout ! Oui, elle aimait se faire photographier, être au centre de l’attention, voir que les gens la regardent en l’enviant. Oui, oui, elle aimait tout cela. Et puis, elle portait un prénom très féminin qui allait avec sa profession. Nana se ressaisit et avala à nouveau une gorgée de son jus d’orange, ce nectar si doux. Ce n’est qu’alors que la petite se tourna vraiment vers son voisin de table. Woooow ! L’enfant avait vu beaucoup de chose dans sa vie, mais ça… Premièrement, cette « personne » avait attiré pas mal de femmes autour d’eux. Oui, elles étaient partout, occupant beaucoup de tables du café. Deuxièmement, pourquoi ? Pourquoi tant de femme pour… ? Enfin, Nana ne voulait pas être mal polie, et puis, elle savait que juger les autres n’étaient guère agréable pour la personne concerner. Elle s’abstint de le juger, même dans sa tête. Mais… C’était La Bête ! Enfin, c’était comme cela qu’on le lui avait décrit. Ce qui attira le plus l’attention de Nana, fut qu’il se décala, faisant un boucan infernal. Le plus étrange dans ce geste incompréhensible, était que son regard fixait en biais… Bingo. Oui, ce petit lapin blanc inoffensif avec de si grandes oreilles qu’elles traînaient par terre. Non… Il avait peur de cet être si pur et si… gentil ? Encore plus bizarre… Nana saisit Bingo par les pattes arrières et le traîna, car le petit animal avait le reste du corps plaqué contre la table et ses pattes avant cherchaient à s’agripper à quelque chose. La petite le plaça danse ses bras. Bingo sembla heureux de ne plus être tiré de la sorte.

« Euuuuh… Un problème Monsieur ? Nan, mais vous en faîtes pas, hein ! J’dis parce que vous regarder mon p’tit lapelin... euh, lapin, bizarrement… M’dîtes pas qu’vous avez peur ?! Il est tout mignon, Bingo ! Tenez, c’est une bête, comme vous ! »

Nana plaqua ses deux mains contre sa bouche et ouvrit grands ses yeux. Mince... On avait dit pas de jugement... Dans le feu de l’action, le lapin dégringola et tomba par terre dans un bruit lourd et sourd. L’enfant ne bougea qu’au bout de quelques secondes, pour ramasser l’animal terrorisé. Elle lui caressa la tête avec sa main. Bingo tremblait légèrement, mais cela se calma. Du coup, Nana oublia de s’excuser ? Elle reposa l’être tremblant sur la table, et adressa un énorme sourire à l’«homme » à côté d’elle.

Lorsque la créature que la jeune fille, de façon inconcevable, tenait dans ses bras fixa sur lui son regard rouge démoniaque, la Bête couina. Oui, il couina. Ses admiratrices froncèrent les sourcils, comme si elles doutaient qu'un être aussi viril puisse produire un tel son.

La Bête ne le remarqua même pas : terrorisé, totalement figé, il ferma les yeux, attendant que la créature se jette sur lui et se mette à le déchiqueter avec les lames qui lui tenaient lieu de dents...

Il ne se passa rien.

Il se risqua à entrouvrir un oeil.

L'animal tremblait, pelotonné contre la fille. Il tremblait ? Comment était-ce possible ? Les bêtes féroces ne tremblaient pas. Elles réduisaient leur proie en charpie, voilà ce qu'elles faisaient.

Un pensée vrilla l'esprit de la Bête.

Et si cette petite boule de poils n'était pas enragée et assoiffée de sang ? Et si ce n'était qu'une innocente petite bête végétarienne ?

Comme pour appuyer ses suppositions, la fille lui adressa la parole.

« Euuuuh… Un problème Monsieur ? Nan, mais vous en faîtes pas, hein ! J’dis parce que vous regarder mon p’tit lapelin... euh, lapin, bizarrement… M’dîtes pas qu’vous avez peur ?! Il est tout mignon, Bingo ! Tenez, c’est une bête, comme vous ! »

La Bête fronça ses sourcils épais. Il ne savait pas trop comment prendre ce que lui avait dit sa voisine de table, mais il décida de ne pas se formaliser. Ce n'était qu'une enfant ! Vêtue comme une femme, certes, mais une enfant tout de même !

- Humph... fut tout ce qu'il répondit.