Alarme générale : oeufs de Pakh en liberté !

La première chose à laquelle pensa la jeune femme était que la Bonne Fée allait crever les tympans à tous les gens aux alentours, et que ce serait vraiment embêtant pour entendre la fin du message. Vous imaginez la puissance de la voix de la fée pour être entendue dans TOUT Il était une fois ? A priori, il était tout à fait impossible de ne pas devenir sourd. Mais parce que l’on avait la bonne idée d’être dans un conte de fée, l’auteur oublia cette possibilité et personne ne fut sourd. Ce qui n’était pas plus mal d’ailleurs. Un pigeon était particulièrement mécontent. Peu de temps avant, la jeune femme qui pensait que la Bonne Fée parlait un peu trop fort avait fredonné quelques notes. Pas bien fort, mais les pigeons, ou du moins celui là, ont une bonne ouïe. Or donc, elle avait chantonné, mais c’était si faux que l’oiseau était de mauvaise plume. L’intervention de la fée pour quelque chose qui ne le concernait pas n’arrangeait pas son humeur. Oui, d’accord, le pigeon, personne n’en a rien à faire.

Rapunzel fronça les sourcils. Un lapin ? Un lapin jaune ? Pour la jeune rebelle, ça frisait le ridicule. Mais le problème, c’était que dans un pays comme Il était une fois, le ridicule avait le malheur d’être sérieux. Et de ne pas rire du tout. Un Lapin Jaune, prénommé Pakh, était sur le plan présent tout à fait adorable, mais ressemblait davantage à un déclencheur de pagaïe qu’autre chose. De tout manière, il y avait une règle d’or sur Il était une fois, que tous les habitants connaissaient (sauf un seule et unique personne, laquelle sérieusement concernée) : « Les inventions de la Méchante Sorcière Lulu Cifer sont des CATAD : catastrophes ambulantes terrifiantes et absolument dévastatrices. » Vous avez compris, la seule personne qui n’est pas au courant est bien la sorcière en question... Comment ? Je ne suis pas sympathique ? Mais, bande de nouilles, ce serait tout à fait contraire à Rapunzel de l’être ! Donc elle n’était pas sympa, et ne voulait pas l’être, surtout pour ce qu’elle considérait être une folle. Soit dit en passant, la Bonne Fée et la Méchante Sorcière, était, dans l’esprit de la jeune femme, mises dans le même paniers des folles, bien que l’une soit juste dépressive et l’autre juste incompétente. Que voulez vous, parfois, on ne cherche même pas à chercher plus loin.

Cependant, la folle Bonne Fée avait annoncé une mauvaise nouvelle, et qu’on la traite ou non de folle, c’était du sérieux. Rapunzel se tourna sur sa moto. Son visage témoignait un certain agacement.
« L’une des andouilles d’entre vous a pensé à acheter du chocolat fondu ? »
Oui. Si elle la pensait folle, elle respectait tout de même ses décisions. Si la Fée avait dit qu’il fallait du chocolat fondu, elle la croyait bien volontiers. Dans le fond, elle n’était pas experte de magie, loin de là.
« Ben, mais,... »
Telle fut leur réponse. Pour ceux qui sont à moitié endormis devant leur fauteuil, voici une courte traduction : non ils n’y avaient pas pensé, et ça n’étonnait même pas la rebelle. Mais il fallait une petite démonstration d’autorité. La jeune femme sauta souplement de la moto, sortit un couteau, et l’un de ses motards se retrouva sur le point de mourir.
« Dans ce cas là, qu’est-ce que tu fiches encore ici ? »
Le motard hocha bêtement la tête et partit en courant. Evidemment, les motards ne savaient pas la signification d’ « honnête ». Il volerait sûrement un bidon de chocolat fondu. Cela faisait de la peine à Rapunzel. Pardon ? Non ! Pas qu’il vole le bidon, mais de gâcher tout ce beau chocolat pour un stupide lapin ! Tsss...
Il revient enfin avec non pas un mais plusieurs bidons.

Rapunzel, pendant que les motards cherchaient des œufs de Pakh, se cherchait pas vraiment, mais gardait sur elle un bidon. Elle était en ville. Devant tout le monde. Quand ce stupide lapin jaune citron débarqua, pondant un œuf par ci et par là. Stupide bête ! L’œuf se brisa anormalement vite. C’était embêtant. Un monstre en sortit. Mais il ne vit pas le soleil. Une masse de chocolat noir lui obscurcit la vue. Et toc. Il était redevenu œuf. Plein de chocolat en plus. Miam. Rapunzel le mit soigneusement dans son sac, en prenant soin de le nettoyer (ne gaspillez pas le chocolat !). Mais la fée croyait elle vraiment qu’elle irait, elle, jusqu’au manoir de l’autre folle ? Elle pouvait rêver ! La jeune femme s’approcha d’elle. Voyant qu’elle ne daignait baisser les yeux, Rapunzel lui enleva le méga mégaphone.
« Tenez j’ai pas que ça à faire. Débrouillez vous avec ça. Et je me fous d’ce qu’vous pensez, OK ? »
Elle lui fourra l’œuf dans la main et commença à s’éloigner.
Sans attendre la réponse.

[ En fait, on est dans un village et pas une ville. Sauf bien sûr si tu es allée en ville...en traînant la Bonne Fée et son matos derrière toi XD ]

Pendant quelques secondes, la Bonne Fée resta à ouvrir et fermer la bouche comme un poisson en pleine crise d'hyperventilation tant elle était surprise. Ca ne lui était encore jamais arrivé, qu'une chef de gangs couverte de tatouages lui colle une bombe à retardement dans la main. Une gentille jeune fille, çà oui. Sauf que ce n'était pas une bombe à retardement mais une cruche remplie d'eau de la fontaine. Ce qui avait eu pour conséquence de...
Ah oui, désolée. Trompée de conte.
Heureusement, réalisant peut-être qu'un poisson qui hyperventile est vraiment trop étrange, même pour un conte de fées détraqué, elle retrouva assez rapidement l'usage de la parole.
" Mmm...merci, jje... attendez, je... !"
SHBAM, CRAC, IIIIIIIiiiiiiiiiiii....
Entourée d'une nébuleuse de poussière, la Bonne Fée s'empressa de débrancher à l'aveuglette le câble endommagé du mégaphone, qui répandait au alentour ce sifflement strident. Dans sa précipitation, elle s'était de nouveau cassée la figure, renversant son équipement par la même occasion.
" C'est très bien de participer à l'opération, ces monstres peuvent vraiment devenir dangereux...vous êtes Rapunzel, une des mes filleules, n'est-ce pas ?"
A l'origine, ce n'était pas son conte, mais les marraines ont un espèce de radar pour les princesses. Même celles qui sont devenues chefs de gang. Cependant, pour celle-ci en particulier, elle avait estimé préférable d'éviter le tutoiement et le "ma chère enfant". Rapunzel n'avait pas vraiment la tête de quelqu'un qui laisserait qui que ce soit l'appeler "ma chère enfant" pour ensuite le laisser repartir. En un seul morceau tout du moins.
" C'est dingue, depuis la chute des Barrières, je n'ai même pas eu le temps de rendre visite à toutes mes nouvelles filleules, peut-être qu'on pourrait se rencontrer autour d'une tasse de thé ? Je serais...AAAAAHHHH !"
Peut-être était-il préférable que quelque chose la coupe dans son délire de salon de thé. Elle avait beau avoir de l'instinct, la jugeote ne suivait pas.
Mais peut-être aurait-il été préférable que ce quelque chose ne soit pas une énorme gueule de monstre qui venait de se refermer sur son escabeau, les hauts-parleurs, la salade de câbles et le mégaphone.

Apparemment, l'un des oeufs de Pakh avait réussi à éclore discrètement au coin d'une ruelle et avait atteint une taille conséquente, peut-être en avalant un chat. Puis sa propriétaire. Apparemment, les escabeaux matelassés représentaient la prochaine étape de la chaîne alimentaire.
La Bonne Fée, ayant apparemment complètement oublié qu'elle était une fée, et pouvait donc s'aider de ses pouvoirs magiques, se mit à courir en rond avec des hurlements de terreur hystériques.
La bestiole ressemblait à une grosse gargouille difforme, avec un œil démesuré qui louchait et une espèce de sécateur qui s'ouvrait et se fermait tout seul au bout d'une tentacule accrochée sur son dos. Et de sa gueule dépassait, en sus d'un bout de câble, ce qui ressemblait à l'anse de son sac...
Une seconde. Mais C'ETAIT l'anse de son sac !
Pilant net, la marraine-fée s'avança à grands pas vers la descendance de Pakh et dégaina une grande longue-vue en or. On aurait pu faire cuir tout un barbecue dans les flammes de rage qui dévoraient ses prunelles bleues.
" RENDS-MOI MON SAC !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!"
Et bam, pif, boum, crac... le monstre, trop surpris de se voir attaqué par cette petite chose toute bleue, ne se protégeait pas des coups. L'un d'eux, envoyé suffisamment vigoureusement dans la région de l'estomac, lui fit recracher un petit paquet bleu englué de bave : le sac à main de la Bonne Fée. Celle-ci le serra contre elle avec un soupir de soulagement puis resta plantée là, couverte de salive. L'image même du déséquilibre mental.
Derrière elle, un autre monstre, pas aussi grand que le premier mais suffisamment pour faire rentrer la jambe de la fée dans son bouche, s'approchait...

[ Je viens de réaliser que Rapunzel n'a pas de marraine dans le conte. Pas grave, çà prouve bien que la Bonne Fée a besoin de loooongues vacances si elle se rajoute des filleules supplémentaires... ]

Il était là. Cet enfant irrespectueux. Ce maudit gamin tout mini qui se permettait n’importe quoi du haut de ses un mètre quinze. Poucet.
Dès qu’elle le vit la Bonne Fée disparut de son esprit. Elle se mit face à l’adolescent, les mains sur les hanches, les jambes bien campées sur le sol, le regard bleu près à tirer. Et il faisait l’innocent en plus, belle journée ? Bien sur que non puisqu’elle s’était fait volée par une tomate sur patte ! Elle resta un moment à le regarder de haut, un sourire sadique et supérieur gravé sur son visage. Soudain l’une de ses mains quitta ses hanches pour attraper le menton du garçon et le forcer à lever la tête. Elle le tenait avec force, et ses ongles au vernis violet s’enfonçaient dans la peau de sa victime. Elle baissa la tête pour être bien face à lui, ses yeux bleus incendiant les yeux jaunes. Son sourire sadique s’agrandit et elle susurra, menaçante :

« Mais dis donc, petit Poucet, tu as de biens beaux yeux aujourd’hui ! Où as-tu donc pêché une telle couleur ? Je me le demande bien… Ne serait-ce pas dans une petite boîte ? Mais sii, une petite boîte sur ma table de nuit. Boîte que tu ne devais pas toucher… non ? Tu ne dis rien hein ? Tu te tais bien sur, tu es bien trop lâche pour imaginer ne serait-ce qu’une seconde me mentir ! »

La main bougea. En un instant elle quitta un menton pour atterrir avec violence sur une joue, pile à l’endroit où la main de Poucet avait frappé un peu plus tôt. Le visage à présent déformé par la rage, la jolie fée se mit à crier, terrifiante :

« Pauvre idiot ! Tu croyais que tu allais m’échapper du haut de ton un mètre dix ? Comment as-tu osé ne serais-ce que TOUCHER à cette boîte ? Tu le savais non, que tu allais le regretter ! IMBECILE ! INSENSIBLE ! Tu te rends compte que j’ai du sortir avec ces yeux bleus ? N’as-tu donc pas de pitié ? »

Pour les deux dernières phrases le visage de Cloche s’était métamorphosé. Les yeux azur embués de larmes, les mains posées sur son corps comme pour se protéger des regards, le regard n’osant plus croiser celui de Poucet. Puis elle s’écroula et, assise par terre, se mit à pleurer à chaudes larmes. Elle pleurait, sanglotait, gémissait, comme si on lui avait retiré le cœurs.

« Je te déteste Poucet, je te hais ! »

Et elle pleurait, pleurait, et pleurait encore pour changer. Son extincteur était tombé à ses côtés. Après un reniflement elle se remit de ses émotions, ouvrit son sac, sortit sa bouteille de Coca-Cola Light et en but de nombreuses gorgées au goulot sans plus prêter attention à son public. Puis elle se leva, se dressa face à son voleur et ordonna en tendant la main :

« Rends-les moi ou je te les arrache, et tes yeux avec. »

C’était toujours pareil, d’abord elle lui criait dessus pour le faire culpabiliser, après elle pleurait pour lui faire honte, puis elle reprenait son attitude sèche pour enfin le remercier d’une bise puisqu’il obéissait à tous les coups. Et presque toujours, il était rouge tout le long de la scène, ah qu’est ce qu’il était facile à utiliser ! Elle allait pouvoir se servir de lui pour transporter les œufs toute la journée, et lui donner des coups d’extincteur dès qu’elle en avait envie. En plus quand il était là elle pouvait faire croire qu’il était son petit frère et qu’elle s’occupait de lui, ce qui faisait toujours craquer la gente féminine tant appréciée de Clochette.

[HRP: N'appelez pas le 119 c'est pas la peine hein, ça lui plait quand elle se comporte comme ça ne vous inquiétez pas =D *un peu maso sur le bords le gamin je sais*]

Red s'essuya élégamment les lèvres, ôtant toute trace de sang qui aie pu y subsister. Elle venait de finir un repas consistant et était à peu près rassasiée. Comme entrée elle avait dégusté un alcoolique pervers qui tenait à peine sur ses jambes. Puis elle avait mangé comme repas principal une femme enceinte. Le placenta lui était resté en travers de la gorge, mais elle avait pu facilement compenser avec une petite fille aux grand yeux innocents. En fait, au départ, Red n'avait plus très faim après la femme enceinte, mais quand elle avait vu cette gamine si trognonne, elle n'avait pas résisté. C'était surtout l'air terrifié de l'enfant qui lui avait donné faim. Et puis, elle n'avait pas souffert de toutes façons, et elle aura au moins servi à quelque chose.

Là-dessus, Red essuya Vermeille et Ecarlate sur les vêtements de ses victimes, fit un petit tas avec les os et les vêtements et déposa une mini-galette et un mini pot de beurre à côté du monticule en baillant nonchalamment. Il était temps de se mettre en quête d'un dîner, histoire qu'elle ne meure pas de faim d'ici le soir. Et puis, cette vie devenait ennuyeuse. Il n'arrivait jamais rien d'excitant, même les Forces de l'Ordre avaient perdu sa trace. D'un autre côté, ils devaient être vraiment occupés pour ne pas la trouver : elle avait commis plusieurs repas (oui je sais c'est une construction bizarre mais c'est fait exprès) dans le même coin en laissant toujours la galette et le pot de beurre caractéristique à côté de sa ou ses victime(s). Ils étaient vraiment bêtes ces pauvres guerriers de la Reine Mère ou quoi que ce soit -Red n'est pas très calée en politique. Ou alors, quelque chose de plus grave les occupait. Qu'est-ce que ça aurait bien pu être?

Red n'eut pas bien longtemps à attendre : une voix stridente, catastrophée et atrocement terrifiée résonna soudainement de nulle part. Elle annonçait que Lulu Cifer avait encore foiré une expérience et qu'il fallait se servir de chocolat pour endiguer l'attaque des monstres du lapin de Pâkh. Pfeu! Et puis quoi encore? Ils sont bien gentils ces monstres! D'ailleurs, Red avait hâte d'en rencontrer un. Ça pouvait être une rencontre trèès intéressante, et puis ça mettrait du piment dans son existence insipide – certes, un peu moins que pendant le conte.

Encore une fois, Red n'eut pas à attendre longtemps, ce fut limite si elle n'écrasa pas le lapin. A vrai dire, Red était en train de nourrir des animaux (je vous ai pas déjà dit qu'elle faisait partie de la SPM et qu'elle détestait qu'on fasse du mal aux animaux) et celui-ci lui fonça entre les jambes, la faisant trébucher, et, perdant l'équilibre, elle lui écrasa le bout de la queue (enfin plutôt le pompom). Complètement affolée à l'idée d'avoir pu faire mal à ce charmant petit animal, Red lui fit un câlin et le gâta aec toutes sortes de sucreries très saines. Le lapin ne se fit pas prier, mais finit par lui donner un oeuf avant de sauter hors des bras de sa bienfaitrice et de s'enfuir en agitant sa petite queue jaune. Jaune? Oeuf en chocolat? Red commença à comprendre... et regarda l'oeuf avec un intérêt croissant. Elle le posa sur le sol, la main sur la poignée d'Ecarlate, sa hache chérie au cas où le cadeau du lapin ne se rebelle contre sa mère adoptive.

Finalement, l'oeuf se craquela légèrement et un poussin en sortit. Sauf que le poussin ne resta pas un poussin. Il commença par lui pousser quatre pattes au lieu de deux, ainsi que des ailes, ressembla un instant à un pégase puis se retrouva affublé d'une gueule de lion et d'une queue d'âne. L'instant suivant lui poussaient des tentacules du ventre, puis la queue disparut, et le corps de cheval se transforma en corps de félin tandis que la tête de lion devenait tête de crocodile. Les ailes et les tentacules restèrent, mais les couleurs décidèrent de s'amuser et l'animal se retrouva avec une tête de crocodile rose bonbon, des ailes et des tentacules bleu ciel et un corps de félin noir rayé de vermeil.

« Original » fut le seul commentaire de Red. Et devint accessoirement le nom du monstre.
« Si on allait se promener? »

Le crocodile-félin-ailé-à-tentacules regarda sa maman adoptive et poussa un grognement d'acquiescement. Enfin, ça pouvait être tenu pour un grognement d'acquiescement. Red lui gratouilla la tête puis l'étrange couple se mit en marche. Enfin, après si vous trouvez qu'une petite fille à la poitrine surdéveloppée et toute vêtue de rouge suivie par un monstre-chimère n'est pas un couple étrange, c'est que vous appartenez à ma catégorie qui dirait en voyant ça « Oooh comme c'est kawaaaiiiiaaaargl.... ».

Avançant d'un bon pas, Red et son escorte furent rapidement dans le Village d'où était venue l'annonce. La jeune tueuse en série cannibale ne savait pas encore ce qu'elle allait faire, mais elle sentait qu'elle allait s'amuser. Et puis soudain, ce fut l'illumination : si quelqu'un versait du chocolat sur son monstre chéri, il allait disparaître, et ça c'était hors de question. Red se coupa donc le bout du doigt et laissa couler une goutte de sang dans le gosier de l'animal (qui avait déjà joyeusement dévoré la galette, le pot de beurre, les os et les vêtements des victimes, ainsi qu'une table et un oiseau, ce pour quoi Red l'avait grondé). Cette goutte de sang devrait suffire à le rendre assez matériel pour qu'il résiste mieux a chocolat. Ensuite, Red lui murmura son idée à l'oreille (oui, il lui était poussé des oreilles de chat jaunes en attendant) et il poussa un ronronnement amusé. La petite cannibale lui sourit... puis partit en courant, hurlant de toutes ses forces :

« Au s'couuuuuuuuuuuuuuuuuuuuurs! A l'aiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiide! »

Le monstre se mit en branle et contrairement à ce qu'on pourrait croire par rapport à sa physionomie, il était étonnamment rapide (mais il faisait exprès de ne pas rattraper Red). Celle-ci, s'amusant comme un folle, avisa la Bonne Fée, facilement reconnaissable dans sa tenue bleue. Non loin d'elle se tenaient une fée et un nabot (enfin, quand elle pense nabot, il la dépasse quand même de 10 centimètres). Son ventre gargouilla à la vue de cet adolescent plein d'hormones en folies qui avait l'air de se sentir bien coupable. Red n'aimait pas les scènes larmoyantes, il était temps d'interrompre cette crise de larmes. Elle fonça dans les bras de Poucet.

« A l'aide! Protège-moi de ce monstre qui veut me mangeeer! »

Elle leva ses grands yeux bleus et les planta dans ceux, tout aussi bleus, de son protecteur improvisé, et papillonna des yeux bien conscient qu'elle appuyait sa poitrine contre le torse de l'adolescent version réduite. Original poussa un rugissement très convaiquant, mais s'arrêta à l'entrée de la place, pour se concentrer sure une plante en pot, qu'il entreprit d'avaler, avant de venir en marchant d'un pas lent vers Red, Poucet, Cloche et la Bonne Fée.

Cela avait été un coup intelligent de Cloche, que de stopper net la Bonne Fée dans ses élans d'affection ou de remerciements, parce que la vue d'une "collègue" ( même si les fées volantes modèles miniatures n'appartient pas à la même catégorie que les fées-marraines ), surtout qui venait de lui empêcher d'avoir une jambe en moins, avait tout pour lui faire fondre en larmes dans les bras de ladite collègue. Sa dépression nerveuse imminente la rendait hypersensible, demandez à son psy.
L'interpellation de Cloche, les yeux bleus étincelants, lui fit l'effet d'une douche froide, et un cri de bonheur et de remerciement à demi hystérique mourut dans la gorge de la Bonne Fée, qui recula d'un pas. Elle ne se rendit même pas compte que Cloche lui avait demandé où se trouvait un gamin casse-pieds, ni que ledit gamin apparut sur les entrefaites, tout penaud et rouge comme une tomate, ni que Cloche fit un excellent numéro de comédienne pour récupérer ses lentilles.
La Bonne Fée, au milieu de l'engueulade et des hurlements hystériques des gens qui cherchaient à fuir les monstres, restait plantée sans bouger telle une statue, ses yeux saphir pour une fois grands ouverts et fixés dans le vide, la bouche entrouverte.
Ainsi, une minute passa. Puis elle cligna des yeux, ses lèvres, s'agitèrent, et elle murmura quelque chose...
" La...vieille... ?"
Ah oui. Quand je disais qu'elle est devenue hypersensible. Eh bien, sur la question de son âge aussi. Même si elle a l'apparence d'une jeune femme de 25 ans, elle sait qu'elle a en vérité plus de deux mille ans, comme la plupart de fées marraines, et çà commence à la complexer face à tous ces jeunots. Et donc, elle était un peu susceptible sur le sujet. Mais pas susceptible-grognon, ou susceptible-je-lance-la-vaisselle-contre-les-murs. Non.
Susceptible-nerfs-qui-craquent-et-catastrophe-naturelle-en-perspective.

Les yeux exorbités, la Fée s'approcha de Cloche, qui venait de terminer son numéro, l'empoigna par le col et la souleva en l'air avec une force surprenante. Elle était pâle comme un linge, et un tic nerveux s'agitait au coin de sa bouche. Lentement, deux petites larmes lui montèrent aux yeux, et elle demanda d'une voix éteinte :
" Tu...me...trouves...vieille ?"
Une énergie désagréable commençait à se créer autour d'elle, des courants de magie s'agitaient impatiemment, et de gros nuages noirs commencèrent à s'agglutiner au-dessus de sa tête... ce n'était pas de la colère, mais un peu trop-plein d'émotions, ce n'était pas spécifiquement dirigé contre Cloche, mais justement, le résultat n'en serait que plus catastrophique...

C'est à ce moment-là, alors que la tension était à son comble et que tous, monstres et personnes, s'étaient arrêtés, irrésistiblement attirée par la sensation de calme avant la tempête qui émanait de la Bonne Fée, c'est à ce moment-là qu'une petite fille vêtue d'une cape rouge, et dont le tour de poitrine n'avait rien à voir avec une petite fille, sauta au cou de Poucet et le supplia, les yeux bleus larmoyants :
" A l'aide! Protège-moi de ce monstre qui veut me mangeeer! "
Derrière elle s'approchait un monstre, produit improbable d'un croisement entre une multitude d'espèce, une feuille de plante en pot pendant hors de sa gueule.

La Bonne Fée oublia le coup du chocolat fondu, et l'extincteur non loin de ses pieds. Par contre, cette fois, elle se souvint qu'elle était une fée.
L'aurait mieux fallu que non.
Elle saisit sa baguette, et, vociférant des sons au hasard, lança un sort sur le monstre, toute à son inquiétude pour la petite fille en rouge ( perturbée comme elle est, elle s'est pas rendue compte que c'est Red, la psychopathe ).
BANG !
Un nuage de fumée jaune poussin explosa, les faisant tous tousser. Lorsqu'il se dissipa, se trouvait à la place du monstre...un bébé.
Bleu. De la taille d'un gros chien.
Mais un bébé quand même, d'apparence relativement humaine, avec une couche, un hochet et un air très surpris.

La Bonne Fée se ratatina comme un ballon de baudruche qu'on perce, reposa Cloche sur le sol en balbutiant une excuse, et fonça vers le bébé dont la couleur était assortie à elle-même. Elle le prit, le souleva à bout de bras. Le bébé la regarda avec des grands yeux. Ouvrit une grande bouche....
Et fit ce que font tous les bébés quand ils ne sont pas contents. Pleurer.

Un hurlement assourdissant emplissait maintenant la place du Village, et toutes les personnes présentes se tordaient en tentant de protéger leurs oreilles. Les joues écarlates, ne connaissant apparemment pas de sort de mutisme, la Bonne Fée tenta de couvrir le cri :
" JE SUIS DESOLEE ! JE VAIS...JE VAIS L'EMMENER CHEZ LULU, ELLE...ELLE SAURA QUOI FAIRE !"
Enfilant rapidement ses ailes de fée, elle fit un décollage approximatif et commença à s'éloigner dans la direction du Petit Manoir.

[ Niéhéhé. Désolée pour ta tentative de drague et ton monstre, Red. XD si tu suis la Bonne Fée, elle trouvera peut-être un moyen de le re-transformer plus tard. En tout cas elle quitte le sujet, je posterai ce soir dans le Petit Manoir. Mumusez-vous bien, vous autres !
( çà va Cloche, elle t'a pas étranglé j'espère ? ]