Rhum & Coke, Gin 7up et autres Vodka Tonic

La Bête pénétra dans la taverne d'un pas assuré, un petit groupe de groupies gloussant à sa suite. Il soupira d'aise, même si les rires et les murmures de la bande de filles hystériques qui ne le quittaient jamais l'irritaient quelque peu. Il retira sa somptueuse cape de velours et la pendit à un des crochets de bois qui ornaient le mur près de la porte d'entrée. Puis, bombant le torse, il s'approcha du comptoir.

- Salut, bellissima, lança-t-il à la barmaid tout en s'accoudant au bar. Je te prendrais bien un Rhum and Coke, un Gin 7up, une Vodka Tonic, deux ou trois shooters de ta meilleure tequila, un Sex on the Beach avec une ombrelle et deux cerises... Ah, et une bière aussi. Rien qu'une, il ne faudrait pas que j'exagère, je pourrais me retrouver à dire des bêtises à toutes les belles femmes qui me passent sous le nez.

La barmaid lui jeta un regard amusé, un sourire en coin aux lèvres. Puis, voyant qu'il ne blaguait pas, elle écarquilla les yeux et se détourna.
La Bête, quant à elle, fit face à son groupe d'admiratrices, toujours accoudé au comptoir dans une position avantageuse qui mettait ses pectoraux velus en valeur.

- Alors, les filles, dit-il de sa voix virile. Toujours aussi folles de moi ?

Un gloussement collectif se fit entendre en guise de réponse.

- Dis-moi, Janie, c'est très joli ce que tu portes... J'espère que tu n'essaies pas de séduire un autre mâle !

Ladite Janie rougit jusqu'aux oreilles en bafouillant un "noonnononoonnn !" difficilement compréhensible tout en baissant les yeux sur son corset de cuir lacé à l'avant.

- Voilà, c'est prêt, s'exclama la barmaid. Vous me devez 74,50.

La Bête fit volte-face, rassembla ses boissons et tendit un billet de 100 à la jeune femme.

- Garde donc la monnaie, ma belle... C'est quoi ton p'tit nom ?

Son interlocutrice lui fit un sourire aiguicheur.

- Audrey. M'appelle Audrey. Et vous êtes ?

- Audrey, hein ? Comme c'est charmant. Moi, c'est la Bête. Rrrr ! grogna-t-il en mimant de la patte une griffure.

Audrey rigola tandis que le sexe-symbole qu'était la Bête vidait ses shooters d'un trait et s'attaquait à son Gin 7up en lui tournant le dos. Il entreprenait de détailler les autres clients de la taverne, lorsque...

SHBAAAAM.
Lulu fit son entrée en trébuchant dans la taverne.
Elle avait ouvert la porte trop précipitamment et le porte-manteaux à tête de vautour était tombé dans un grand fracas sur le sol en bois.
Les conversations se stoppérent et tout le monde se tourna vers la sorcière qui avançait tant bien que mal vers le comptoir, rouge comme une tomate en murmurrant quelques petits :

" Excusez moi, je suis vraiment désolée, pardon "

Les regards étaient durs et elle baissa la tête, manquant de trébucher une nouvelle fois sur les bottes d'un nain.

Elle s'approcha du bar et se hissa sur un des hauts tabourets.

"- Euh, bonjour, je voudrais boire quelque chose.
- C'est le but même d'un bar, ma jolie," lui répondit la serveuse.

Cette réponse déclencha quelques ricanements dans la salle puis progressivement, chacun retourna à son verre et à sa discussion.

Lulu posa ses coudes sur le comptoir sale et inclina la tête, les mains sur ses oreilles.

* Bouuuuh, c'est pas possible d'être aussi peu maline *

La jeune sorcière ferma les yeux, et se laissa aller au son de la musique que vomissait une grosse caisse en bois fixée au mur. C'est alors qu'elle remarqua le groupe de jeunes femmes, toute splendides, qui entouraient un espéce de gros balourd costaux qui s'enfilait des verres. Les filles minaudaient dans leurs vêtements en cuir riquiqui et Lulu se sentit stupide sous son grand chapeau violet. Elle baissa la tête et commanda un bloody mary.

[ HRP : Sorry c'est peu, j'éspére que tu voudras bien rplayoler avec moi ! ]

[Pas de problème, je... euh, on est là pour ça !]

SHBAAAM !
La Bête jeta un regard de totale incompréhension à son Gin 7up. Depuis quand ils produisaient un bruit de la sorte ?
Puis, il comprit que c'était encore l'acuité de ses sens qui lui avait fait défaut - comble de l'ironie quand on est à moitié animal - et que le fracas qui venait de secouer la taverne avait été causé par l'arrivée d'une... euh... fille coiffée d'un chapeau violet. Une fille qui manifestement n'était pas à sa grande aise dans un endroit pareil.

Tandis que la nouvelle cliente commandait un Bloody Mary, la Bête, mue par l'insurmontable force qui la pousse à draguer tout ce qui bouge et est susceptible de porter une jupe, s'approcha d'elle. Ses admiratrices, déçues qu'il ne leur démontre pas davantage d'intérêt, restèrent à l'écart.

La Bête s'assit aux côtés de la fille au chapeau violet en faisant mine de ne pas l'avoir remarquée. Sifflant un air incertain, ses genoux coincés sous le comptoir à cause de sa physionomie, la Bête dodelina de la tête jusqu'à ce que son regard croise celui de sa voisine. Il sursauta, comme s'il eût été surpris de la trouver là.

- Ma foi ! Je ne vous avais pas vue, charmante demoiselle ! Dites-moi, c'est un très joli couvre-chef qui orne d'une si délicate manière votre tête au faciès délicieux ! Moi, c'est la Bête, détenteur du titre du meilleur Playbeast et de celui du plus grand nombre de conq... euh, je veux dire, de conjonctivites. C'est très désagréable, non ? Bref. Je vous offre quelque chose après votre Bloody, chère... Comment m'avez-vous que vous vous appeliez, déjà ?

Lulu était donc acoudée au comptoir, les yeux dans le vague, à siroter son cocktail lorsque l'adulé d'à coté se leva et vint s'asseoir prés d'elle, feignant de ne pas l'avoir remarquée. Elle l'avait remarqué lui ! Comment ne pouvait-on pas le faire ? Le physique de cet ... homme ne passait pas inaperçu oh non ! Il avait une démarche lourde mais féline. Un vrai mâle dominant quoi. A cette idée Lulu replongea son nez dans son verre, honteuse et apeurée, comme si ses pensées flottaient au dessus de sa tête pour le plaisir des clients.

Lorsque ce sex-symbol lui adressa la parole, la sorcière manqua de se renverser sa boisson dessus. La Bête, comme il se nommait, l'avait appellée Charmante Demoiselle... C'était la premiére fois qu'on donnait cette appellation à la jeune femme. Celle ci chercha une réponse intelligente et sexy.



Rouge de honte, Lulu avala le reste de sa boisson d'un seul coup, et s'étrangla avec la sauce Worcester ...

[J'étais morte de rire en lisant ton message, Lulu... En fait, l'attitude de mon propre perso me fait rire, c'est dire !]

Lulu Cifer ? Hum, original, comme nom... Et brûlant comme l'enfer !

La Bête fit un signe de la patte à la barmaid qui s'approcha. Il commanda un autre Bloody Mary pour sa nouvelle connaissance tandis qu'Audrey lui jetait un regard courroucé, comme si elle ne prenait pas très bien le fait que le séducteur qui lui avait fait la cour un peu plus tôt s'attaque maintenant à une autre.

- Alors comme ça, Lulu, c'est ta première fois ici ? Pour tout te dire, moi aussi, mais j'ai l'habitude des tavernes. Pour ne rien te cacher, c'est ma deuxième maison ! Et euh... Qu'est-ce que tu fais dans la vie ?

La Bête, en attendant une réponse, alla chercher son Rhum and Coke et son Sex on the Beach, tout ce qui lui restait de sa commande. Il piqua une cerise de sa boisson au dégradé d'orange et de rouge grâce au bout pointu de son ombrelle et l'avala toute ronde. Ensuite, il prit son verre dans sa patte et entreprit de le secouer doucement pour en faire tinter les glaçons, tout en se disant que, décidément, Lulu Cifer n'avait pas beaucoup de jasette...

[Hum, c'est pas un très long post, mais c'est dans les règles, je pense...]

[ J'adore ton perso x) ]

" Hé bien oui, a vrai dire je n'ai pas l'habitude de sortir. Enfin SII mais ... pas euh... ici "

Lulu ponctua sa phrase d'un petit rire, qu'elle regretta aussitôt. Elle se trouvait idiote. Bien sûr qu'elle n'avait pas l'habitude des tavernes ! Oh, elle avait déja essayé auparavant de noyer son chagrin dans l'alcool. Mais cette tentative s'était terminée bien rapidement aprés un lavage d'estomac, elle ne tenait pas beaucoup l'alcool. Et lorsque La Bête commanda pour elle un deuxiéme verre, elle commença à s'inquiéter de l'état de son organisme. Jamais elle ne se remettrait si elle lui vomissait sur les genoux.
Ne sachant où regarder, elle jeta un rapide coup d'oeil autour d'elle. La serveuse, visiblement agacée, leur tournait le dos en nettoyant nerveusement des verres avec un chiffon douteux. Le groupe d'admiratrice se tenait à l'écart, Lulu entendait des bribes de conversations et des moqueries sur son grand chapeau et ses habits, troués, brulés et tâchés. Elle piqua un nouveau fard et saisi le verre devant elle.

" Hé bien, je suis inventeuse...TRICE. Oui, j'invente des choses, je fait des expériences. C'est un peu compliqué " expliqua t'elle avec un sourire.

Elle but une gorgée avant de demander :

" Et vous ? "

La Bête s'étira à la manière d'un félin, ce qui fit jouer sa puissante musculature sous sa peau velue. Il réfléchissait. Que pouvait-il répondre à cette question ? La vérité ? Elle était trop ennuyante. Non, il n'allait tout de même pas lui révéler qu'il vivait dans l'oisiveté et la richesse, qu'il dormait dans un lit de la grandeur d'une piscine et que son manoir duquel il avait chassé la Belle avait la taille d'un village !

- Oh ? Moi ? Rien d'important. En fait, j'ai toujours eu une âme incroyablement charitable et avant que je ne me fasse récompenser pour mes actes d'incommensurable générosité par une somme appréciable d'argent de la part de la Fondation pour les Gens dans le Besoin, je vivais, tout comme ceux que j'aidais, dans la pauvreté. Grâce à cet argent, j'ai financé la mise sur pied d'un organisme de charité qui a porté des fruits étonnants et, au fil des ans, j'ai accumulé plusieurs autres récompenses qui m'ont permis de me procurer un sympathique bungalow dans lequel je vis depuis avec la modestie de ceux qui n'ont jamais connu l'abondance...

Pour ajouter un peu de crédibilité, il poussa un soupir piteux. A ce moment, Audrey, qui avait fini d'essuyer ses verres, revint vers eux avec le Bloody Mary que la Bête avait commandé pour Lulu. Devant l'air dépité, presque effrayé, que prit celle-ci, la Bête fronça les sourcils mais ne passa pas de commentaire. Peut-être aurait-elle préféré autre chose ?

- Parle-moi un peu plus de toi, continua-t-il. Par exemple des inventions que tu a faites, de tes amis...

* Il a vraiment fait tout ça ? Mince, je pensais que c'était une brute sans coeur qui avait abusé de sa force et de son sourire charmeur pour conquérir une princesse niaise qu'il avait ensuite tué, qu'il avait caché son corps sous un chéne et que le chéne était grand *

Le cerveau de Lulu mixait toute ces pensées, elles abondaient comme des gouttes de pluie. Que pouvait elle dire ? Devait elle raconter à ce monstre de gentillesse, de générosité et de réussite qu'elle était une pauvre inventrice ratée, qu'elle vivait seule et sans amour alors qu'il était entouré d'une horde d'admiratrices sauvages. Elle ne pouvait lui dire qu'elle faisait exploser tout ce qu'elle touchait, que les gens la détestaient et que sa derniére invention renversait actuellement toute la ville. C'était hors de question.

" Hé bien je m'occuppe tout d'abord des grandes questions existencielles. Je ne me sers pas de mon pouvoir à des fins personnelles, ça jamais ! J'ai été récompensée maintes fois par le grand congrés de chimie et j'ai reçu le prix Norbelle de sorcellerie. J'ai rarement du temps pour moi, et lorsque ceci arrive je viens me reposer un peu, visiter la ville que je connais à peine. C'est tellement dur de travailler si dur et de rester dans l'anonymat mais voyez vous c'est mon choix ! "

Elle avait sorti tout cela d'une traite, se redressant sur son tabouret et croisant les jambes. Elle s'inclina vers la droite et passa sa main dans ses longs cheveux roux en soupirant. Sauf qu'ils étaient emmelés et qu'elle se coinca la main dedans. Elle du donc rester dans cette position inconfortable.

" Hum, et vous continuez à faire des dons alors ? "

Ouvrant de grands yeux étonnés devant les révélations de Lulu, la Bête, impressionnée, regretta soudain d'en avoir autant mis. Il lui avait fait croire qu'il vivait modestement ! Allait-elle cesser de lui prêter attention, ne le jugeant pas digne d'intérêt ?
Ce n'était pas dans ses habitudes de douter de lui-même, mais à cet instant, son cerveau tournait à vive allure. Il fallait trouver un moyen de redorer son blason. Et vite.

"Hum, et vous continuez à faire des dons alors ?"

Une chance. Il fallait la saisir.

- Non, en fait, mon organisme se contente de mettre sur pied des événements dont le but est de ramasser des fonds que l'on distribue ensuite à ceux qui en ont besoin. Je fais tout cela de bon coeur, mais il se trouve que ceux qui m'épaulent au sein de mon organisme ont insisté que je ramasse une petit poucentage des gain, un sorte de compensation pour mes efforts. De prime abord, j'ai refusé catégoriquement, mais devant leur insistance, pour ne pas leur faire de peine, j'ai accepté. Oh, bien sûr, je vis toujours dans mon bungalow mais mon compte en banque enfle et bientôt je pourrai peut-être m'acheter une demeure plus... luxueuse.

Gagné ! Il avait conservé son allure de bon samaritain tout en faisant savoir à son interlocutrice qu'il n'était pas un raté sans le sou. Il fallait bien cela pour espérer se hisser à son niveau de célèbre et renommée chimiste !
En quelques gorgées, la Bête finit les boissons qui lui restaient. La barmaid lui jeta un regard étonné. Jamais elle n'avait vu quelqu'un boire autant en si peu de temps ! Mais bon, peut-être que la moitié animale de son client l'aidait à mieux supporter l'alcool...
Elle s'approcha.

- Je vous sers quelque chose d'autre ?

La Bête haussa les épaules et jeta un coup d'oeil à Lulu pour voir si elle avait besoin de quoi que ce soit. Comme elle n'avait même pas entamé son deuxième Bloody Mary, il ne commanda rien pour elle.

- Je prendrais bien un mojito, dit-il.

Audrey se détourna et se mit au travail. La Bête, quant à lui, se tourna vers Lulu afin de reprendre la conversation où ils l'avaient laissée.

[Hum, ça commence à planer un peu, là... J'ai pas trop d'inspi, mais je vais essayer de mettre un poquito de actión ! Picante, picante ! ... Comme dirait mon ancienne prof d'espagnol.]

"Et je dois vous avouer que, bien que l'argent ne fasse pas le bonheur, il y contribue pas mal !"

La Bête ne pouvait pas être davantage d'accord avec cette déclaration, mais il ne se décida pas à l'exprimer : ça risquait de ne pas coller avec son image de bon samaritain au grand coeur.
D'ailleurs, il commençait à s'ennuyer un peu. Lulu n'était pas barbante, loin de là, mais ça ne bougeait pas assez à son goût. S'étirant nonchalamment, il en profita pour passer le bras autour de ses épaules, déclenchant une vague de protestations indignées de la part de ses groupies. Il n'y porta pas attention.

- Un manoir, tu dis ? Tiens donc, c'est très intéressant... Moi qui ai toujours rêvé d'en visiter un ! Peut-être qu'un de ces jours... Oh, mais si ça ne te dérange pas que je te rende visite, bien sûr...

Il ponctua le tout d'un énorme sourire qui découvrit ses crocs nacrés.
A ce moment précis, son téléphone portable sonna. S'excusant auprès de Lulu, il décrocha en s'éloignant quelque peu pour qu'elle ait du mal à entendre sa conversation.

C'est alors qu'il se rendit compte de deux choses.

De une, l'éclairage était peut-être médiocre, mais il permettait parfaitement d'apercevoir la couleur dorée et l'éclat de son portable serti de diamants.

De deux, il était sur mains libres.

Le résultat ?

- Saluuut, chéri ! Comment tu vas ? J'espère que tu n'es pas avec une autre fille, là, hein ! Oh, mais non, je te fais confiance, choupinou en sucre. Ah, désolée, je dois déjà raccrocher. Byyye ! Je t'embrasse !

La voix s'était élevée directement du petit haut-parleur, bien assez forte pour être audible par tous les clients.

La Bête, piteuse, se tourna lentement vers Lulu.

- Euh, je peux t'expliquer..., tenta-t-il en croisant les doigts pour qu'elle accepte de l'écouter.

Le pire, c'était qu'il n'avait aucune idée de l'identité de celle qui l'avait appelé. Il n'était pas vraiment casé. C'était peut-être une de ses admiratrices, sur le compte de la jalousie...

[Ooh je suis désolée ! Je sais, ce n'est que du RP mais ton post m'a émue... mdr !]

La Bête grogna, contrariée. Qui avait osé lui joué un pareil tour ? S'il mettait la patte sur la greluche qui...

Lulu était furieuse. Elle s'apprêtait à partir, posant sur lui un regard meurtrier. La Bête se recroquevilla de honte, du moins fit un geste qui, posé par une être de physionomie normale, aurait ressemblé à un recroquevillement mais qui, de sa part, avait davantage l'air d'un animal sauvage qui se ramasse pour bondir. Ce qui ne jouait pas en sa faveur s'il voulait avoir l'air piteux.

"Lulu... attends... je t'en prie... c'est un terrible malentendu !"

Elle ne daigna pas se retourner. S'emparant de son manteau, elle s'apprêtait à sortir.
La Bête la rejoignit. Lui saisit le bras dans un mouvement qui se voulait doux... peine perdue.

"Laisse-moi t'expliquer. S'il te plaît. Ne pars pas."

Il avait mis toute la force dont il était capable dans ces mots. Et dieu sait que de la force, il en avait.